mercredi 20 avril 2011

danser pour se tuer et se retuer sans cesse. Kazuo Ohno

J'explore, je fouille le corps. Je l'éventre. Je me dépouille. Je m'éviscère. Ecorché, je danse avec ma peau. Je danse avec mes organes. Je danse avec mon squelette. Je projette mon coprs dans l'espace. L'espace me traverse. Je deviens l'espace.
Fouailler, interroger la mémoire d'un corps, c'est tenter de retrouver un corps archaïque, primaire, acculturé sous un corps collectif, social et normatif. Etre danseur butoh, c'est traduire le quotidien qui repôse sur des archaïsmes, faire émerger l'inconscient et donner au corps une dimension mythique, une projection de l'humain dans ce qu'il peut avoir de terrible et de tragique.
Le corps devient danse. Il me faut disparaitre, m'effacer. Etre un corps vierge où s'impriment, s'expriment des images contradictoires, des émotions multiples et les obsessions qu'elles génèrent.J'essaie de transformer de manière sensible quelque chose qui surgit de l'inconscient dont la manière première serait une expérience humaine que le corps exude et le terreau inconscient sur lequel elle repose.
Dépasse la forme convenue, compréhensible. Etre dans la sensation, l'émotion, la manière sensible et brute. Rien n'est illustration. Je ne cherche pas à être compréhensible. Je ne cherche pas le mouvement pour le mouvement. Il faut savoir le tuer. Tuer sa danse. La forme qui s'imposera sera juste si le coprs la sent juste aussi grotesque peut elle sembler. L'écartèlement, la tension apparente ne sera que le reflet des tensions internes du corps, ses contradictions, son tumulte. Ces contradictions, ces chutes sont le miroir des contradictions et conflits internes entre le conscient et l'inconscient. Il n'y a plus de stabilité possible. De cette oscillation perpétuelle nait la danse, la métamorphose propre au butoh.

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